Budget départemental en déséquilibre : Nicolas Fricoteaux sonne l'alarme. La Gauche et les Écologiste dénoncent des conséquences désastreuses


24 avril 2024

Depuis plusieurs années, le Conseil départemental de l'Aisne fait face à une situation financière de plus en plus précaire, mettant en péril ses missions essentielles. Le président du Conseil départemental, Nicolas Fricoteaux, a récemment pris la parole, à travers une lettre publique adressée aux Axonais, pour alerter sur cette crise qui menace la stabilité même de l'institution.

Le vote du budget primitif (BP) 2024, marqué par un déséquilibre significatif le 8 avril dernier, a jeté une lumière crue sur les difficultés financières auxquelles est confronté le Département. Cette année encore, l'Etat n'a pas compensé intégralement le coût des allocations de solidarité humaine, (handicap, personnes dépendantes, Revenu de Solidarité Active), laissant un trou béant dans les finances départementales. En effet, les 94 millions d'euros non compensés en 2022 représentent une somme considérable, plongeant le Conseil départemental dans une situation d'asphyxie financière.

La dépendance excessive aux Droits de Mutation, qui constituent une part importante des ressources financières du Département, aggrave encore la crise. En période de ralentissement économique, ces recettes diminuent alors que les dépenses sociales continuent d'augmenter, créant ce que l'on appelle communément un "effet ciseaux".

Face à cette impasse budgétaire, le Conseil départemental a puisé dans ses réserves pour tenter d'équilibrer ses comptes, mais toutes les marges de manœuvre ont été épuisées. Pour l'année 2024, un besoin supplémentaire de 22,5 millions d'euros est nécessaire pour maintenir un semblant de stabilité financière, sans recourir à un endettement supplémentaire.

Nicolas Fricoteaux, dans une démarche d'alerte et de mobilisation, a adopté un budget déséquilibré pour l'année en cours, dérogeant ainsi aux règles de comptabilité publique. Cette décision, bien que contraire aux normes établies, est perçue comme nécessaire pour attirer l'attention des responsables nationaux sur l'urgence d'une réforme du modèle de financement des Conseils départementaux.

Des échanges ont déjà débuté avec les représentants de l'Etat et du Gouvernement dans l'espoir de trouver une solution viable à cette crise financière. Cependant, si aucun rééquilibrage n'est opéré lors de la session du 24 juin prochain, le Département pourrait se retrouver sous tutelle du préfet, signant ainsi un véritable tournant dans son histoire.

Nicolas Fricoteaux conclut en rappelant l'importance capitale de maintenir les politiques de soutien financier et les partenariats avec les acteurs locaux, malgré les difficultés financières. Il assure également que toutes les actions nécessaires seront entreprises pour éviter une telle catastrophe, mais appelle à un changement majeur des paramètres financiers pour garantir la pérennité des missions de proximité du Conseil départemental de l'Aisne.

La Coordination du Rassemblement de la Gauche et des Écologistes dénonce la gestion budgétaire

La politique budgétaire du Conseil départemental fait l'objet de vives critiques de la part de la Coordination du Rassemblement de la Gauche et des Écologistes de la 1ère circonscription. À travers un communiqué, cette coalition politique met en lumière les conséquences désastreuses de l'approche financière actuelle, pointant du doigt la majorité menée par Nicolas Fricoteaux.

En plaçant l'équilibre budgétaire du département sur les épaules fragiles d'un fonds d'urgence de 22,5 millions d'euros, supposément abondé par l'État, la majorité dirigée par Nicolas Fricoteaux admet implicitement l'échec de sa politique et son soutien aveugle aux décisions gouvernementales.

Au cœur de cette crise financière se trouve le transfert du Revenu de Solidarité Active (RSA) sans les financements adéquats, plaçant ainsi le département dans une situation financière tendue, entre une demande sociale croissante et des ressources insuffisantes pour y faire face.

La Coordination dénonce l'insuffisance chronique des fonds alloués par le gouvernement, figés depuis 2004, qui ne couvrent qu'une fraction des dépenses réelles du département pour le RSA. Cette différence abyssale, soit 66,2 millions d'euros en 2024, entrave gravement la capacité d'action du département et menace ses autres missions fondamentales.

Pour la Coordination, cette faillite programmée découle d'un choix politique délibéré visant à restreindre les compétences des collectivités territoriales au profit d'une vision néolibérale destructrice pour les services publics et les plus précaires.

En dépit des apparences, le Conseil départemental de l'Aisne ne peut dissimuler les véritables intentions politiques derrière son recours à un fonds d'urgence incertain. La Coordination déplore ainsi le renoncement au développement territorial et à la solidarité économique, au profit d'une approche cosmétique et libérale.

La coalition politique rappelle que la majorité départementale, complice de l'avènement du macronisme, doit assumer ses responsabilités face à cette crise budgétaire. Les habitants de l'Aisne méritent une gestion plus responsable et tournée vers l'intérêt général dénonce dans son communiqué la Coordination du Rassemblement de la Gauche et des Écologistes.

Hervé BOUTELIER

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